Au Mozambique, l’existence d’un charnier, qui contiendrait une centaine de cadavres, continue de faire débat. Il se trouverait dans une zone d’affrontements entre l’armée et le « bras armé » de la Renamo, le principal parti d'opposition. Les autorités, à Maputo, démentent son existence. Mais un photographe qui a pu se rendre dans les environs du charnier dit avoir vu une vingtaine de corps.
Les affrontements entre l'armée et les rebelles de la Résistance nationale du Mozambique (Renamo) ont repris de plus belle depuis la réélection du Front de libération du Mozambique (Frelimo), le parti au pouvoir à Maputo, il y a deux ans.
Une quinzaine de corps
Des combats meurtriers ont été signalés dans un district éloigné de la capitale et difficile d'accès, Gorongosa. Des cultivateurs locaux affirment y avoir trouvé un charnier, mais ils n'ont pas pu y amener le photographe André Catueira, car l'endroit était, il y a quelques jours encore, encerclé par des militaires.
« Nous n'avons pas réussi à aller jusqu'à l'endroit où les cultivateurs disent avoir trouvé un charnier qui, d'après eux, contient une centaine de corps. Mais nous avons trouvé un endroit où il y avait une quinzaine de corps », confie le photographe.
L'opposition jette la pierre aux forces de sécurité. Rail Khan, un adjoint politique de la Renamo dénonce : « Ce gouvernement est tellement frustré de ne pas remporter le conflit armé qu'il massacre les civils qu'il croise sur son chemin. »
Une zone très sensible
La police répète que ses enquêteurs n'ont trouvé aucun charnier, mais sa découverte éventuelle inquiète la Commission nationale des droits de l'homme. Selon son président, cet organisme officiel se rendra bientôt dans le district pour faire toute la lumière sur le sujet.
« Ce qui nous intéresse, dit-il, c'est de savoir si nous sommes dans une situation remettant en cause nos valeurs. Ce qui serait extrêmement grave pour la démocratie et la protection des droits de la personne au Mozambique. »
Toute enquête s'annonce difficile. Si la présence militaire est importante dans cette zone, celle de la rébellion l'est aussi. Il s'agirait de l'endroit où le chef de la Renamo, Afonso Dhlakama, vivrait caché depuis un an et demi.