Le chef d'Etat nigérian, Muhammadu Buhari, a fait de la lutte contre la corruption un marqueur de son mandat. Lundi 9 novembre, c'était la tête du responsable de l'Agence fédérale contre la corruption qui tombait. Sur un simple communiqué, Ibrahim Lamorde était démis de ses fonctions. Même si la présidence nigériane a déclaré qu'il ne s'agissait pas d'un renvoi, mais d'un simple départ à la retraite avant l'heure.
En limogeant l'ex-patron de la Commission des fraudes économiques et financières, le président Muhammadu Buhari a envoyé un signal clair : aucun écart n'est et ne sera toléré dans la lutte contre la corruption.
Depuis trois mois, les soupçons de détournement de fonds pesant sur Ibrahim Lamorde faisaient tache, surtout de la part du responsable chargé de traquer et débusquer les voleurs en cols blancs au Nigeria. Ibrahim Lamorde a eu beau démentir les allégations autour de la disparition de 4,65 milliards d'euros des caisses de l'EFCC, ses explications n'ont pas convaincu le chef d'Etat nigérian.
De hauts responsables dans le collimateur d'Ibrahim Lamorde
L'ex-numéro un de l'agence anticorruption malmenait depuis peu de hauts responsables politiques et économiques, à l'image de l'enquête en cours concernant Bukola Saraki, l'actuel président du Sénat. En poste depuis 2011, Ibrahim Lamorde avait profité de l'investiture de Muhammadu Buhari. En quelques mois, il avait réveillé une institution pas très efficace jusque-là dans la chasse à la corruption.
Mis de force en retraite anticipée, Ibrahim Lamorde n'ira pas au bout de sa mission. Il est remplacé par Ibrahim Mustapha Magu, ancien officier de police, comme lui.
Le président Buhari, qui a pris ses fonctions fin mai, a fait de la lutte contre la corruption, un mal endémique au Nigeria, une des priorités de son mandat. Plusieurs ministres et autres responsables politiques ont été interrogés ou inculpés dans ce cadre.