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MAROC/FRANCE : A Paris et à Rabat, hommages à Ben Barka, 50 ans après sa disparition

Le jeudi 29 octobre marquait le 50e anniversaire de la disparition de Mehdi Ben Barka. Au Maroc, les hommages à l'homme de gauche se multiplient. C'est notamment le cas au sein de l'une des principales formations politiques socialistes du pays, l'USFP, qui a tenu un important meeting jeudi à Rabat en mémoire de cette figure de l'indépendance. Au même moment, à Paris, plusieurs centaines de personnes se sont réunies devant la brasserie Lipp sur le boulevard Saint-Germain, à l’endroit même où Ben Barka a été enlevé, il y a 50 ans. Reportages croisés dans les deux capitales.

■ A Rabat, l’hommage des proches et des militants de l’USFP

Près d’un millier de sympathisants de l’USFP, l’Union socialiste des forces populaires, a répondu présent à ce meeting en plein cœur de la capitale. Ses militants aiment à entretenir le souvenir de l'un des principaux artisans de l'indépendance du pays, devenu en quelques années l'ennemi juré de la monarchie.

L’ancien compagnon de route de Ben Barka, l’écrivain Abdellatif Jebrou, se remémore les premiers jours de l’indépendance. « Durant les quatre premières années, c’était l’homme-clé, il était partout, il dormait peu mais Mehdi Ben Barka dérangeait beaucoup. Il avait toujours dit que l’indépendance donne l’occasion de nous mobiliser pour construire une nouvelle société. »

Omar Abbadi a réalisé un film historique retraçant le parcours de Ben Barka pour l’occasion. Pour lui, la mort du roi Mohammed V a marqué un tournant irréversible. « Il y a eu des soulèvements populaires, il y a eu des centaines, sinon des milliers de morts, ça c’était en 63 et Ben Barka a compris à ce moment là qu’il ne pouvait plus revenir au Maroc. Après cette période, il y a eu quelques tentatives de négociations entre le Palais et l’opposition qui a abouti à l’état d’exception. Juste après, il y a eu l’enlèvement et l’assassinat. »

La disparition de Mehdi Ben Barka n’a pas fini de hanter la classe politique marocaine qui continue à exiger la vérité sur sa disparition. Un vœu pieux, formulé sans relâche depuis 50 ans.

■ A Paris, la famille et leurs soutiens luttent contre l’oubli

L’enseigne de la brasserie Lipp brille toujours sur le boulevard Saint-Germain. C’est là que Mehdi Ben Barka a été enlevé le 29 octobre 1965. Un demi-siècle plus tard, son fils prend la parole devant la foule. « Nous sommes rassemblés chaque années aussi nombreux, aussi heureux de nous revoir mais également aussi déterminés à ne pas laisser le temps qui passe se transformer en oubli et en résignation. »

Bachir Ben Barka insiste. Il espère qu’un demi-siècle plus tard, ce message adressé aux dirigeants français et marocains soit enfin entendu. « Le fait de venir chaque année ici, ça permet de rappeler aux dirigeants qu’on est là. […] C’est un message pour leur dire : nous on oublie pas. Vous avez organisé l’oubli, vous souhaitez qu’on laisse tomber. Nous on laisse pas tomber, on continue, on est là. […] Au bout de 50 ans, on exige toujours la vérité. »

Sans corps, sans sépulture, la famille ne peut faire son deuil selon Ayad Aram, militant des droits de l'homme : « ce n’est pas la vengeance que demande la famille Ben Barka, non, c’est la vérité. Tant que la vérité ne sera pas dite, la page ne sera jamais tournée. »

Des exilés politiques sont aussi présents comme Hayat Bousta Berrada, une petite dame d’une cinquantaine d’années : « nous, en tant que militants politiques marocains proches de Ben Barka, on veut faire revivre ses positions politiques et le rôle qu’il a eu au niveau international. » Comme tous les ans, sa fille Rita l’accompagne: « c’est aussi un souvenir d’enfance, puisque je viens ici depuis que je suis toute petite. Donc pour moi c’est toujours un rituel et on espère qu’un jour, ce rituel s’arrêtera. »

Le geste grave, Bachir Ben Barka dépose un bouquet sur la plaque où est inscrit le nom de son père. La foule derrière lui, réclame inlassablement justice.
 

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